Après avoir subi le Syndrôme du supermarché , mon éco-conscience vient ouvrir ici un nouveau et douloureux chapitre : la bouffe, messieurs dames.
Depuis quelques temps, ouvrir le frigo me rend perplexe. Tout ce que je mange :
- a parcouru 3 fois le tour de la planète
- a été généreusement assaisonné d’engrais chimiques, de pesticides de synthèse
- a été acheté à un prix dérisoire à des exploitants et revendu à prix d’or…
- ou provient d’immenses exploitations pas éco-friendly du tout.
Après ce moment de grâce où j’ai retrouvé un peu de bon sens (cf L’art de la patience ), je commence à comprendre comment je peux améliorer ma manière de manger.
Printemps, été, automne, hiver.
La nature s’enquiquine à faire pousser des fruits et des légumes différents à chaque saison. Elle a du penser que ce serait assez chouette si on ne mangeait pas la même chose à longueur d’année. Elle s’est dit : “Tiens tiens, en hiver, je booste les bipèdes avec des agrumes survitaminés, et en été je leur file des melons gorgés d’eau histoire qu’ils ne se déshydratent pas de l’intérieur.”
C’est une futée. Moi, je le suis visiblement beaucoup moins : manger des concombres et des fraises en plein mois de décembre me semble tout à fait normal.
ÇA NE L’EST PAS.
Le système de consommation actuel, qui m’a donné cette vilaine habitude, les cultive dans des serres gourmandes en énergie et en engrais chimiques, pour compenser le manque de soleil, de chaleur et de nutriments dans le sol.
Première mesure : revenir aux bons principes de base de la nature, en consommant des fruits et légumes de saison ! Au pire, je peux toujours profiter de cet immeeeeense progrès de la technologie pour consommer toute l’année mes fruits et légumes préférés : le con-gé-la-teur.
Le bonheur est dans le pré juste à côté
Dans mon supermarché, fruits et légumes viennent du bout du monde. Cueillis avant maturité, leur interminable trajet en bateau ne peaufine pas leur goût, bien au contraire.
Ils sont souvent produits de manière intensive : ça appauvrit les sols, et aussi les populations, puisque du même coup la répartition des richesses est super inéquitable. Du coup, maintenir et soutenir des petites exploitations locales, consommer en circuit court, ça a soudain beaucoup plus de charme : on redécouvre des variétés oubliées et on sait mieux ce qu’on consomme…
Deuxième mesure : J’ai une chance inouïe : je vis près d’une petite ferme, qui sert de coopérative pour d’autres petits exploitants du coin. Je trouve donc facilement produits laitiers, viande, fruits, légumes, et même soupes et confitures. Si ce n’est pas votre cas, il y a les AMAP : une manière simple et futée de se procurer des paniers locaux, souvent bio !
Et l’ultime arme locale : faire son propre potager et avoir deux ou trois poules. J’avoue que je n’en suis pas encore arrivée là, vu que je peine déjà à maintenir en vie un pauvre pied de menthe…
Et le bio ?
Sur le principe, l’idée est drôlement bonne. Des produits sains, pas d’utilisation de produits chimiques et respect de l’environnement. Quand je regarde la foule de labels à la loupe, ça se corse subtilement, je vous le concède. C’est un peu la foire car ils n’ont pas tous le même degré d’exigence. Certains d’entre eux prennent en compte les enjeux de la dynamique des sols, d’autres intègrent des paramètres d’économie solidaire, d’autres encore se cantonnent uniquement à la non-utilisation d’engrais et de substrats chimiques. C’est un joyeux foutoir.
Et depuis quelques temps, la grande distribution et les industriels, flairant le bon filon, commencent à produire du bio. Sauf que, bien entendu, ce n’est pas fait par amour de la planète. Plutôt par amour du profit, et parce qu’il y avait un marché à prendre. Donc certes, ils respectent le cahier des charges du label qu’ils apposent, mais toujours en monocultures intensives qui appauvrissent les sols, toujours au détriment des petits producteurs, toujours sans queue ni tête.
Troisième mesure : je fais du mieux que je peux. Dans la mesure du possible, j’achète bio ET local, surtout pour certains produits ayant une sale réputation pesticidaire (carottes, laitue, concombre, tomates, fraises, chou-fleur, pêches, petits pois, pommes, pommes de terre, raisin par exemple). Après, on ne va pas se mentir, je ne peux pas vendre un demi-rein tous les mois pour remplir intégralement mes placards et mon frigo de produits bio. Je n’ai QUE deux reins. Je lis les étiquettes aussi, ça aide à faire le tri de ce qu’on peut consentir à avaler ou pas. Cadeau bonus : pour être moins paumé dans les labels, il y a ce petit guide super utile réalisé par eco-sapiens.com (qui ne parle pas que de nourriture).
Moins de steaks saignants
Pour ceux qui ont la flemme de regarder la vidéo, ça dit que l’élevage intensif a de multiples conséquences désastreuses sur l’environnement : émissions vertigineuses de CO2, 75% des terres agricoles utilisées uniquement pour nourrir les bêtes, plus de 15 000 litres d’eau pour produire 1kg de bœuf, pollution des sols et des eaux par les déjections animales, promiscuité des animaux et développement de bactéries, usage massif d’antibiotiques auxquels les bactéries deviennent de plus en plus résistantes. Pour les humains consommateurs : augmentation du risque de maladies cardio-vasculaires, de diabète & de cancer. Oui, je sais, c’est fort gai.
Quatrième mesure : Si je ne pense pas pouvoir devenir végétarienne dans l’immédiat, ça m’incite tout de même à revoir ma consommation de viande à la baisse.
Cuisiner plus
La liste des ingrédients contenus dans les plats industriels tout préparés est souvent interminable, et drôlement mystérieuse. Voire franchement délirante. Additifs, colorants, exhausteurs de goût, arômes artificiels, émulsifiants, conservateurs.
Graisse de bœuf dans les biscuits, cheval dans les lasagnes au bœuf, confiture de fraises sans fraises… Miam.
Cinquième mesure : Michael Pollan, journaliste américain, auteur de plusieurs livres sur l’alimentation, donne quelques règles qui me parlent :
- Mangez des “vrais” aliments, et non pas des substances comestibles ayant l’apparence d’aliments
- Ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaitrait pas comme un aliment
- Évitez les produits alimentaires qui contiennent des ingrédients qu’une personne normale n’aurait pas dans son garde-manger
- Tenez vous-en à des aliments cuisinés par des humains (et non pas par des chaînes de production industrielles)
- Évitez les produits alimentaires contenant des allégations de santé
2 commentaires
Merci pour le petit guide des labels bios, pas facile de s'y retrouver et ça va bien aider.
Mike
Rien à ajouter. merci
Leymonerie